Tourbillons de pensés
Combat intérieur
L'égoïste bonté
La loterie de la vie
Pour m'en sortir, j'ai essayer de faire ce qu'on attendait de moi; faire comme tout le monde; être un mouton qui suit le troupeau vers l'abattoir. On m'a donné l'opportunité d'apprendre en travaillant dans des milieux qui me plaisaient, j'ai abandonné par orgueil, ne voulant pas admettre que j'avais tord, que les patrons ont le droit de nous obliger à faire ce qu'ils veulent car nous sommes leurs employés. Mais ce n'est qu'une aberration de plus que je ne comprenais qu'à moitié.
La liberté d’un torturé
Laurence
Un samedi du mois de mars, je me suis levé l'esprit bousculé. Rien ne pressait, mais ma vie venait de chambouler. J'ai perdu la femme de ma vie. Elle n'est pas morte, mais je l'aurais préféré à cette cuisante humiliation qu'elle m'a fait vivre la veille. Devant tous mes amis à ma fête, elle m'a quitté, en avouant qu'elle me trompait depuis un an parce que je suis le pire amant qu'elle n'a jamais connu. Les gens parlaient autour de moi, mais je n'y comprenais rien. Seul l'alcool me faisait du bien. La soirée passée, j'ai bu la bouteille de whisky que m'a donné mon frère. Bas prix assurément, mais au point où j'en étais, je m'en foutais éperdument. Oublier devint ma devise. J'en restais là pendant quelques semaines. Comme certains disent : métro, boulot, dodo. La différence avec moi, c'est que ça commençait par mal de tête et finissait par vodka. Ceux qui avaient rit de moi, me prendraient désormais pour le pire des idiots. Je restais dans mon trou. En espérant que la vie aussi m'oublie. Mais maintenant que l'hiver tire à sa fin, j'aurais très peu de raisons pour éviter de sortir. Les femmes, moins vêtues, rempliront les rues et les hommes les terrasses pour les voir défilées comme dans un défilé. Ceux qui doutaient encore de ma santé mentale se diraient que finalement j'ai réellement perdu la boule. Et ils auraient indéniablement raison!
Me voilà un certain soir, où le soleil me disait au revoir du bord de ma fenêtre, j'étais encore seul chez moi. Pas pris de douche depuis trois jours, pas rasé depuis une semaine et rien manger depuis la veille. Bref, le gars qui se fout autant de lui que des autres. C'est à ce moment que j'ai commencé me poser des questions sur les raisons qui me poussaient à poursuivre ma vie. À vivre tout simplement. Je me suis mis à compter le nombre de personnes qui tiennent sincèrement à moi. Au bout de deux, j'ai démissionné. À quoi bon s'interroger sur l'avis des autres quand, peu importe la réponse, on en vient aux mêmes conclusions? J'ai eu un fou rire. Un moment de folie. Puis, ce fut la folie même qui me prit le bras et me montra le chemin de la rue. Je sortis accoutré comme un con, les cheveux emmêlés et la carcasse sales. Les gens me regardaient furtivement, comme si ma présence ne les encombrait pas. Un déchet de plus ou de moins, ça n'a pas tellement d'importance… Soudain, je vis Laurence. Ma Laurence. Celle qui a foutu ma vie en l'air! Celle pour qui j'étais prêt à mourir pour la rendre heureuse! Et comment me remercie-t-elle? Je me précipitai sur elle. La pris par la gorge et la clouai au mur du bâtiment.
- Si t'es venu pour me faire des problèmes, dis-toi que t'en as fait plus qu'il n'en fallait! lui criais-je au visage.
- Wow! Calme-toi! Me dit-elle en me repoussant. Est-ce que c'est comme ça que t'accueilles les gens? J'espère que tu ne veux plus de moi? Parce que si oui, tu t'y prends très mal!
- Comment veux-tu que je veuille d'une femme qui me ridiculise devant le monde? Rétorquais -je.
- T'as pas besoin de moi pour ça. Me dit-elle calmement.
Réalisant tout d'un coup ce qui se passe autour de nous, je rougis de rage; elle me ridiculisait encore une fois. Que voulait-elle à la fin? Pourquoi s'acharnait-elle sur la médiocre personne que je suis? Qu'est-ce qui la motive à venir me voir si je suis un si piètre amant? Même si elle voulait me reprendre, je crois que je ne voulais plus d'elle. Pas à ce moment. Je ne sais pas comment expliquer la manière dont l'amour s'est transformer en haine. D'ailleurs, je n'étais pas très conscient des émotions qu'elle me faisait vivre. Comme si j'étais dans une autre dimension! Je voyais, mais ne réalisait pas la splendeur du gâchis que tout cela provoquait dans mon for intérieur.
- Tu n'as pas à réagir comme ça Paul. C'est fini c'est tout. Je me suis mal comportée, mais ça ne change rien à ce qu’il est; je ne t'aime plus et c'est tout.
- Pourquoi es-tu ici? Qu'est-ce que tu me veux?
- Rien de spécial. Simplement te redonner tes clefs. Me dit-elle en déposant le trousseau dans ma main.
- Merci. Bredouillais-je.
Pourquoi merci? Je ne le savais pas. Elle repartit en direction inverse en me glaçant d'un regard doux et compassant. Je criais quelque chose. Je ne me souviens pas quoi, mais ce ne devait pas être très poli. Qu'elle aille se faire voir! Salope! Je passai au dépanneur avec mes maigres cinq dollars qu'il me restait avant mon prochain chèque. Le travail ne me motivant plus, j'ai opté, quelques jours plus tôt, pour le suicide financier : Aide social et travail au noir. Je développe des photos pour un ami photographe à temps partiel. Les produits chimiques me rendent à moitié aveugle, mais je tiens le coup. Au moins, je n'ai plus à me foutre de la gueule de minables qui cherche la paire de soulier qui feront leur bonheur. Le travail de vendeur n'est autre que de l'hypocrisie. Achetez, achetez. C'est notre meilleur solde de l'année! bullshite!
Pain et confiture. Rien de moins misérable pour un minable. Un repas du roi des cons! Par chance, il me restait encore une bouteille de whisky dans une armoire. Elle ne s'est pas fait prier. Je ne sais pas pourquoi, mais ça me semblait totalement démentiel. Du Jack Daniel's. Rien de mieux pour se taper un haut-le-cœur. Mais à quoi bon se soucier de malaise physique quand ton intérieur n'est que ruine et misère? À la moitié de la bouteille, j'ai vomi et sombré dans un profond sommeil.
À partir de ce moment, les choses empirèrent encore. Si on m'avait dit que ça existait, je serais parti à rire. Encore un rire de fou. La chose commençait à me plaire. En quelques jours, j'ai passé de victime à soûlon, de soûlon à dépressif et maintenant je suis un simple aliéné mental. J'y prenais plaisir. C'est tellement plus simple de se condamné malade mental que d'assumé nos tords. À force d'y croire, on finit par le devenir. La musique métal dans le plafond, je faisais des incantations au démon pour qu'il prenne mon âme et me décharge de mes actes. J'aurais enfin une bonne raison de parler seul et crier à tous un chacun les paroles les plus ignobles. Solution facile, mais totalement vaine.
Le vendredi premier avril, je m'achetais un costume de poisson et décidai de m'exhiber ainsi sur le coin des rues Ste-Catherine et St-Laurent vers trois heures du matin. L'heure cruciale de la fermeture des bars. L'heure "H. " Les fêtards riaient de moi. Je m'en foutais. C'était un des buts de ma démarche. Un jeune punk se dirigeait vers moi. Il me posa une question. Je n'écoutais pas. Il me poussa. Je ne bougeai pas. Ses amis nous rejoignirent et je perdis connaissance. Ce soir-là, je n'avais rien bu.
Je me réveillais sur un lit d'hôpital. L'hôpital Royal-Victoria. Une infirmière était penchée au-dessus du lit. Scène parfaite pour un film américain. L'esprit encore embrumé, je crus reconnaître le visage. Alors, je compris que ce n'était pas une préposée aux bénéficiaires, mais bien Laurence. La Laurence! Je me débattis dans mes fils, mais des douleurs à la poitrine me firent lâcher prise. Ma jaquette bleue complétait mon personnage de malade. Le portrait était parfait; la ravissante bourreau, la victime et ses blessures. Les infirmières en blanc me faisaient penser à des anges gardiens. De magnifiques gardiennes de la paix. Mais alors, pourquoi ne me débarrassaient-elles pas de cette démone qui empestait la cruauté sous son visage de déesse? Peut-être ne voyaient-elles pas le personnage? Où étaient-elles aussi complices de ce complot? La panique me prit et je cria. Un ange de la mort s'approcha avec une seringue. Je crus que c'était la fin. Enfin! La paix. L'interminable fin d'une vie de fou. Le noir s'installa. Le vide.
Un lundi du mois d'avril, je me suis levé l'esprit bousculé. Rien ne pressait, mais ma vie venait encore de chambouler. La lumière de la vie venait de me sourire. C'est l'annonce d'une mort qui m'a donné goût de vivre. Celle de Laurence. Elle est morte en même temps que ma folie.
Isabelle
J’étais si tourmenté que ma vie me rongeait les os. Il ne m’a fallu que de très peu de temps pour me liquéfier. Je n’avais besoin que de ta présence pour fondre sous ton regard charmeur. Ce regard qui m’hypnotisait chaque fois où je posais les yeux sur toi. Tu étais ma belle sorcière. Envoûtante et dévastatrice. J’en perdais la raison.
Suite à un moment de folie, tu me quittais. Ne laissant qu’un mot comme explication. À ce moment j’ai cru mourir. Mourir de rage. Mourir de chagrin. Ton départ m’a ouvert les yeux. Sans toi je n’avais plus de vie. J’étais un tronc d’arbre vide. Une carcasse à moitié pourrie. J’étais une charogne. Un rebut.
Aujourd’hui, tu n’es plus là depuis longtemps. Je rêve encore de toi. Cauchemar interminable. Cruelle débauche de ta personne. Je m’offrais, corps et âme, à toi. Tu en profitais pour me crucifier. Tu étais ma déesse et mon bourreau. Tu avais le contrôle de mon corps. J’étais à toi. Et à toi seul. Sans toi je n’existerais pas. Chaque fois, je me réveillais le front tout en sueur. Je regardais à côté de moi dans mon lit ; tu n’es plus là. Quel soulagement !
L'ignorance d'une mort certaine
Me voilà deux jour plus tard. Je ne sais toujours pas que je vais mourir. Mon inconscient est toujours trop silencieux. Mes idées, par contre, vont très vites. Ils se doutent de quelque chose sans toute fois savoir ce qu'il y a exactement. Et voilà que mon inconscient par en guerre contre ma conscience. Clandestinement, me voilà en guerre contre moi-même sans que je le sache. Bref, je ne sais toujours rien. Sinon que le temps suit son court. Sinon que je vis toujours.
Le lendemain, je ne sais toujours pas que je vais mourir. Le saurais-je un jour ? Le saurais-je à temps ? Cela seul mon inconscient le sais. Mais il ne veut toujours pas parler. Il préfère se taire et me laisser dans l'ignorance. Cette ignorance qui me fait souffrir sans que je le sache. Je souffre d'une ignorance de ne pas savoir que j'ignore ma mort prochaine. L'ignorance est ce qu'il y a de pire.
Il ne me reste que quelques heures à vivre. Ce sont les pires heures de ma vie. Mon inconscient ne m'a toujours rien dit. J'ai l'impression qu'il ne me le dira jamais. Je dois attendre le moment pour connaître ma mort. Attendre. Attendre. Toujours attendre pour savoir que je vais mourir.
Ma vie s'achève. je n'ai plus que quelques secondes à vivre. C'est clair. Je ne le saurais qu'au moment de ma mort. 10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1, 0. Je suis mort. Je suis mort d'une ignorance de ne pas savoir que je meure. L'ignorance c'est ce qu'il y a de pire. L'ignorance, c'est la mort.
Le malheur d'autrui
Toute ma vie fut remplis de méchanceté et de mépris face à moi. À l'école, on me ridiculisait et me poussait constamment à bout. À la maison, c'était pire ; on me faisait souffrir physiquement pour me faire comprendre que ce n'est pas bien de faire mal aux autres. Quelle ironie ! Avec le temps, je me suis crée une carapace. Comme une tortue qui avance lentement, cette enthousiasme pour le mal gonfla en moi jusqu'à prendre la place du peu de lucidité qu'il me restait. J'étais devenu un monstre. Un monstre qui voulait être aimer et compris. Et pour ce faire j'avait la conviction que les autres devaient souffrir autant que moi. Alors, je me suis mis à semer la pagaye dans mon entourage. Petit à petit, sans qu'ils ne rendent compte de rien, ils se mirent à se haïr comme jamais. Moi, dans mon coin, je savourais chaque moment en pensant que j'avais atteint le paroxysme du bonheur. Je suis pathétique vous direz, mais réfléchissez un instant. Qui a-t-il de plus satisfaisant que la réussite d'un rêve ? Ok, ce n'est pas le fantasme le plus positif, mais cela n'empêche pas que c'était un triomphe.
Après quelques temps, je me suis mis à en vouloir plus. Encore plus. Toujours plus. Au point où je fini par oublier le but principal : me faire aimer, écouter et comprendre. Dès que m'en ai aperçut, l'envoûtement devint banal. Je commençais même à détester la dispute continuelle que j'avais moi-même crée. Le piège retombait sur moi. J'étais de nouveau une victime. Ma victime. Le bourreau et le prisonnier. Malgré tout, je gardais espoir. Peut-être qu'un jour, ils comprendront. Peut-être qu'un jour, la paix règnera dans ma vie. Au moins dans ma tête la lutte est terminée. Car après tout, l'essentiel c'est nous-même.
Mariage funeste
Au début, l’idée de se marier n’avait pas vraiment séduit Jaques. Mais lorsqu’il a apprit qu’il avait le cancer, il s’était dit qu’il n’avait plus rien à perdre et se décida enfin à m’épouser. Ma mère passait son temps à me dire que ça allait me rendre malade et de le laisser mourir en paix. Déjà qu’elle ne l’aimait pas, lorsqu’il m’a demandé ma main, elle fit une de ses crises ! Elle était comme ça ma mère : Toujours prête à trouver des raisons pour chialer. Comme si ce n’était pas assez, les parents de Jaques se mirent eux aussi à boycotter le mariage vu la situation. Plus le temps passait plus les gens de mon entourage essayaient de m’en dissuader ; comme si je n’avais pas le droit d’être heureuse !
À l’heure et au jour dit, j’entrai dans l’église. Mon fiancé se trouvait déjà devant l’hôtel. Comme il semblait serein ! Les gens ne cessaient de me regarder en chuchotant avec leurs voisins. À les voir agir de la sorte, on aurait pu dire qu’il n’était là que par obligation ; leurs regards exprimaient tristesse et réprobation. Même le curé ne semblait approuver cette alliance.
- Je suis sincèrement désolé, dit le curé, mais je ne peux célébrer ce mariage.
- Et pour quelle raison ? Demandai-je.
- Parce que nous célébrons présentement ses funérailles.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire